samedi 4 juin 2011

Ode à Cérès



Chère France,

La question la plus absurde en ces heures serait de te demander si tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Dans mon monde en tous les cas, je sais bien que rien ne va.
Je te connais France, vieille et fière, le cœur trop desséché maintenant pour te révolter, ton émotion n'est plus collective mais divisée; la colère comme thème.
Tu t'es laissée séduire France, et pas que par les moins malhonnêtes.
Mais qui pourrait te blâmer France? Le responsable n'est pas celui qui embrase, mais jette l'allumette.
J'aimerais te dire que rien n'est perdu France, mais mes certitudes ont été balancées aux oubliettes.
La Peur, France. Voilà ce qui nous tue. La Peur, grande et belle, celle qui nous maintient endormis, mais persuadés d'être éveillés.
Ne nous abandonne pas France, nous pourrions te sauver, te protéger de ces vampires gouvernementaux. Ils ne t'aiment que rentable, France.
Ne vois-tu donc pas ces hypocrites affables sous leurs beaux manteaux?
La démocratie t'ont-ils dit... La démocratie, mais à quel prix?
Je t'ai connu France, le sein droit et digne, le menton majestueux, guider les hommes vers d'honorables idées.
Tout ceci pour finir dans un rôle moins glorieux, à financer la vie de ta progéniture, et les abrutir à coups de candidatures.
Regarde-toi France, tapiner pour un Etat qui ne veut plus de toi!
T'évertuer à gagner plus, et bosser jusqu'à l'infarctus.
Et tes enfants? Où est cet avenir radieux que tu leur as promis?
Vois comme ils fanent sous le glas de l'Enfer qui les cuit déjà.
Et vois ces enfants que tu adoptes pour les laisser dans un placard sans fond, vois comme ils s'enfoncent dans la torpeur, coupables et victimes d'une identité qu'ils ne peuvent affirmer.
Vois comme tu nous effaces, notre expression n'est plus que torture gutturale, un cri que l'on refrène de peur de n'entendre que l'écho.
Mais sans toi France, nous ne pourrions jamais nous rassembler.
Et sans nous France, tu ne pourrais jamais exister.
Moi qui suis née ici, comme ceux qui t'ont choisie, ceux que tu as recueilli, comme ceux qui t'ont fui.
Les générations que nous t'offrirons, et toutes celles qui t'ont déjà été offertes, nous avons toutes crié pour toi, notre mère-nation.
Mais aujourd'hui je te supplie France, abandonne ton entêtement et constate!
Indigne-toi France, et penche-toi sur nos messages gravés dans l'asphalte.
Indignés nous sommes, et nous demeurerons, si l'esprit encore embrumé par leurs mielleuses ablutions, tu persistais, au nom de l'efficience, à prostituer notre nation.


Maurine Taenia.


1 commentaire:

xensma a dit…

très beau.très très beau.et très vrai.quelques larmes, de la sueur et un peu de sang sur un coeur si desséché qu'il en est lyophilisé pourrait bien lui redonner vie cependant....rien n'est perdu.